Un récit des moments forts de la seconde semaine de traversée expérimentale
Par Georges Matichard
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A peine le temps de dire au revoir aux premiers marcheurs/ses, de faire le point sur nos régies vélo sac à dos et voiture que nous recevons le nouveau groupe de la deuxième semaine à Chalap.
Cette première semaine nous a surpris par son intensité, nous savions que cela serait fort, et nous n’avons pas été déçus. Je me sens comme un savant fou prenant les mesures de l’expérience et totalement stupéfait par les intensités, les dimensions et les premiers résultats.
Notre dispositif si singulier fonctionne au-delà de nos espérances. La nature humaine plongée dans un bain paysager et relationnel intense se met à vibrer fortement comme nous en avons perdu l’habitude, et l’étonnement est bien là. Comment et pourquoi sommes nous autant coupés de ces choses si simples ? Reprendre du temps de la rencontre, partager des moments de vie ambulante, délestés du poids de nos stabulations, porter le moins possible et marcher vers …
Le chemin ayant quitté les plaines ardéchoises, la bascule sur la crête ardécho-gardoise au lac de Patrigalet avec sa vue stéréoscopique, nous a permis de contempler là d’où nous venons. Il suffisait de se retourner pour voir là où nous allons : les Cévennes.
Vallées et montagnes à perte de vue, avec l’imposant Mont Lozère sous lequel nous nous faufilerons.
Cette deuxième semaine s’annonce déjà sous des auspices totalement différents de la première.
Les aléas de la vie font que le groupe démarre en petit comité avec Pascale et Juliette, habitantes proches du départ. Jean Jacques et Marie venant de plus loin nous rejoindront au soir du deuxième jour. Nous accueillons ces changements avec toute l’adaptabilité nécessaire, nous sommes résolus à « faire avec » ce qui advient, quelles que soient les circonstances puisque cela nous raconte quelque chose et c’est bien là l’intérêt de cette année expérimentale. Ces deux places libres offrent la possibilité à Julia et Pauline de sortir de l’encadrement logistique pour profiter à leur tour de quelques moments de marche.
Juliette était là pour la « Récitution » de samedi à Chalap.
De toute évidence il faudra à l’avenir réussir ce « tuilage » : les marcheurs arrivants pourraient assister aux récitutions de ceux qui les précédent. Certes un nouveau petit casse-tête logistique en perspective mais qui semble vraiment nécessaire et bénéfique.
Lundi et mardi
Première mise en jambe, Chalap / Figeirolles en deux jours. C’est là où habitent Pascale et Jean. Jean viendra lui-même accompagner la récitution de fin de semaine à Florac. Il est compositeur et chef d’orchestre d’un ensemble d’instrumentistes animalier invraisemblable dans lequel jouent baleines et criquets, huppe et crapaud, rossignol et paons de nuit. Un assemblage incroyable d’autres bestioles enregistrées par ci par là, dans l’eau, sur terre dans les airs… Jean dirige peut-être l’orchestre le plus vaste et le plus varié de la planète, une sorte d’ensemble bestiolharmonique. Pour l’instant il attend le petit groupe en préparant la popotte.
Pour Pascale, ce début est aussi particulier puisqu’elle guide toute la semaine en commençant par aller de Chalap à chez elle.
Ces deux premiers jours de marche se font avec une météo mitigée mais clémente. La pluie menace mais ne tombe qu’une fois les marcheuses à l’abri. Le vent souffle oui, mais dans le dos, ça aide dans les montées. Une première nuit sans fard dans un mobil-home sans âme dans un camping à Pont de Rastel et, c’est reparti.
Le petit groupe n’est pas pressé par le temps, les étapes ne sont pas longues. Les marcheuses peuvent savourer ce qu’elles croisent sur le chemin. Personne oui, mais des tas de plantes à identifier, une passion commune à assouvir.
Passage près d’un tumulus remarquable, reconnexion avec la Nuit des Temps et c’est reparti sur les chemins.
Elles peuvent aussi en sortir un peu pour visiter un mas sur l’autre rive du Luech, revenir sur la trajectoire en direction de Figeirolles avec la perspective de découvrir la maison de Pascale et Jean et de recomposer le groupe avec l’arrivée de Jean-Jacques et Marie.
Au soir du deuxième jour les marcheuses se retrouvent pour une séance de yoga dans la yourte de Pascale, là où elle donne ses cours, pendant que nous accueillons dans la maison Jean Jacques et Marie qui, eux, viennent de faire connaissance en voiture entre Lyon et Figeirolles. Malgré la route au lieu du chemin, quelque chose a commencé pour eux deux.
Nous passons la soirée en groupe reconstitué, prêts à reprendre la marche au matin du troisième jour. Jean nous fait visiter son studio de recherche, nous écoutons des chants d’animaux et sa musique si particulière.
Mercredi
Le ciel est toujours couvert, les pluies tant attendues se font discrètes. C’est bon pour nous mais tellement inquiétant pour les nappes phréatiques que je me mets à espérer fortement un vrai bon gros épisode cévenol durable et profond et tant pis pour nous et nos si petites préoccupations !
Je me joins au petit groupe du matin dans cette montée vers la crête afin de passer quand même un petit moment avec nos deux marcheurs furtifs. Jean Jacques et Marie, malgré les tiraillements de leur vie intime, ont quand même pu dégager ces deux jours au lieu d’annuler leur séjour. Ils devront repartir un peu plus tôt et ne pourront pas assister à la récitution de Florac. 48 heures de Cévennes intense au milieu de leur semaine, qui venant de Paris qui de Chambéry. Le mot « furtif » marque ces jours-ci encore plus que les jours précédents. Et cela nous questionne sur ce que nous offrons aux marcheurs dans ce grand métier à tisser des liens que nous construisons. De vrais temps de rencontre ou une multiplication de contacts incitant tout un chacun à y revenir à sa guise ?
Malgré notre envie de ralentir, nous allons encore trop vite.
A peine commencée la marche matinale que le premier arrêt se fait quelques dizaines de mètres au dessus de chez Jean et Pascale. Au bord de la route, les murs de pierres interpellent déjà. Nous approchons de la maison de Roland Mousquès, un remarquable maître d’œuvre de la pierre sèche qui, dans ces pratiques ancestrales, a apporté une touche artistique délurée sans doute issue de son lointain passé aux Beaux-Arts. La maison à un petit côté Facteur Cheval, sans le ciment de l’amateur mais avec une maîtrise technique absolue de la pierre sèche. Cette science de l’assemblage nous vient de si loin, elle a construit tous les paysages qui s’offrent à nous, à perte de vue. Au fil des siècles l’ingénierie paysanne a su aménager ces montagnes arides, en capter l’eau passante et permettre la vie. La montagne transpire la présence humaine lointaine et abandonnée. Les Cévennes sont une gigantesque friche agricole dans lesquelles subsistent encore quelques autres humains s’attachant à conserver et rénover ce qui peut encore l’être.
Le regard et la science de Jean Jacques le géomorphologue éclaire chacune de nos questions. Nous marcherons sous le signe de la roche : en équilibre, fracturée, réassemblée, roulant sous nos pas où façonnant le lit des rivières.
Passage à peine plus haut par le moulin de Bonijol entièrement restauré.
Petite merveille mécanique d’autrefois perdu dans la montagne, qui illustre à merveille jusqu’où sont allés les paysans pour profiter de l’énergie eau. Propice au repos, le lieu a vu plusieurs représentations dans les multiples petits théâtres de verdure aménagés alentour.
La mémoire de Roland est là, ce passionné de patrimoine qui fut aussi l’artisan principal de cette restauration.
La montée se fait au gré des discussions et de quelques arrêts pour embrasser les paysages.
Arrivés à midi à l’auberge de Lespinas, nous sommes attendus par Camille et Lucas qui ont préparés des en-cas à emporter. Bien que l’auberge soit fermée, ils sont là. Véro de l’association «Epi demain » nous attend aussi et nous présente l’action de son association, un tiers lieux ultra rural porté vers les habitants et leurs activités : concerts, conférences, rencontres, stages, petite boutique de producteurs locaux, informations… Un cœur de vie au milieu de nulle part, pour ceux qui se contentent de s’y arrêter en voiture. Au milieu de tout, pour ceux qui le fréquentent assidûment.
Le petit groupe se sépare à nouveau, les marcheurs ont un bon bout de chemin en perspective. Je les regarde partir avec envie, mais nous devons continuer notre action de préparation et filer à Florac rapidement où nous attendent quelques rendez-vous de médiation avec des scolaires.
Mais auparavant nous visitons encore juste à côté l’ABPS , école nationale de la pierre sèche guidés par Tsilia. Encore une trace de Roland Mousquès, qui en fut un des fondateurs.
Découverte des locaux, des ateliers et des œuvres en cours, exercices éphémères ou durables, voûtes, murs, escaliers, études… Toutes les techniques sont abordées, toutes les natures de roches et type d’ouvrage expérimentés, des œuvres remarquables exposées. On en prends plein les yeux.
Je parcours tout ça avec émerveillement et avec en tête ce que j’ai pu ressentir moi-même en bâtissant dans mon village, en autodidacte plus modestement. Construire un mur en pierre sèche de bonne façon nous conduit vers une science du regard, de la main et de l’assemblage qui, j’en suis certain, fut un cap déterminant dans l’évolution de l’homme en tant que créateur. Il faut apprendre à avoir des yeux au bout des doigts.
A l’issue de la visite, j’invite Tsilia à revenir cet automne ou cet hiver poursuivre cette recherche qui fait tellement sens dans l’approche globale de notre projet pour apporter une note sensible au travail de médiation. Je lui propose de venir voir la conférence à Florac. Elle viendra.
Je suis totalement ravi de ce passage, je sais que quelque chose pourra se bâtir entre notre itinérance et ces émergences de territoire. Je pense au bel esprit originel des compagnons bâtisseurs nomades des siècles passés. Peut-être réussirons-nous à en renouveler une forme ? Nous repartons.
Les marcheurs marchent maintenant vers Masméjean pour découvrir le Labo avec Cyril et sa petite famille qui tiennent un « théâtre clandestin » quelques kilomètres plus loin et plus haut. Julia et moi filons en voiture et vélo vers Florac à l’Entente Causse Cévennes pour finir de monter l’expo avant l’arrivée des scolaires. Nous n’aurons pas eu encore le temps d’établir avec Cyril une action lors de notre croisement mais ils accueillent le petit groupe pour la soirée en mode famille avec un repas préparé malgré la forte rage de dents de Cyril. Petite soirée simple, familiale et conviviale.
Jeudi
De notre côté arrivés à Florac, nous commençons les ateliers scolaires avec des primaires. En tout, quatre classes nous visiterons jeudi et vendredi.
Il est difficile d’expliquer le projet à des enfants mais nous abordons avec eux d’une manière plus générique ce qu’est l’imagination. Les séances commencent toutes par une discussion avec les enfants en présence de l’enseignante. Grâce à des questions simples nous pouvons voir déjà comment au long de la primaire, la question de « faire de l’imagination » à l’école évolue. Les petits pensent majoritairement qu’ils se servent de leur imagination à l’école, les grands pensent majoritairement qu’ils doivent l’abandonner pour continuer les études. Ce constat se répète ici comme ailleurs lors d’autres ateliers que nous avons conduits.
Un gouffre se prépare en quelques années ce qui conduit assez vite de nombreux élèves à penser qu’ils n’ont pas d’imagination. Les enseignants sont en général surpris et intéressés du procédé car il est très rare d’aborder le sujet de cette manière simplement discutée. Puis, à l’aide de quelques outils de représentations ludiques, nous approchons la question de ce qui est difficile de se représenter, notamment à l’aide d’échelles ludiques et théâtralisées, les temps longs, les grands chiffres, les distances cosmiques …
J’espère que nous arriverons là aussi, avec le projet, à approfondir et diffuser plus largement, tout au long du parcours ,cette approche qui ouvre la question pédagogique dans la notion de « centre de recherche itinérant et pédestre dédié à l’imagination ».
Pendant ce temps là dans la montagne, le petit groupe reprend son chemin pour l’avant-dernière journée qui se terminera par une nuit en bivouac à la cabane Bonnal, à plus de mille mètres d’altitude. Jean-Jacques et Marie ne peuvent que commencer le chemin et repartir avant la nuit pour retourner vers leur vies respectives. Seules Juliette et Pascale, courageuses marcheuses du début accompagnées de Julia iront dormir là haut.
La cabane est sobre, sans matelas mais elles seront à l’abri. L’arrivée se fait au soleil, Elles peuvent profiter de la vue magnifique.
Même si elles ont bien pris soin de leurs équipements, Juliette constatera que son duvet annoncé pour le froid n’est pas vraiment suffisant. Après une nuit difficile, elle se retrouvera dehors, roulée en boule dans son duvet trompeur et habillée de tout ce qu’elle avait pu se mettre, tentant de trouver quelques calories au lever du soleil, qui malheureusement n’était pas pressé de se montrer. Elles en rigolent, et malgré tout, leurs témoignages nous indiqueront que le moment fut fort et délicieux : une belle petite aventure de l’extrême au milieu de cette semaine de montagne.
Ce sera la seule de la traversée, nous ne rééditerons plus dans ces conditions météo. Nous savions que cette année était expérimentale, nous n’irons pas au-delà dans la difficulté. Merci à elles de l’avoir essayé.
Retour sur Florac, jeudi après-midi après le deuxième atelier, pendant que Juliette, Pascale et Julia mettaient le cap vers leur nuit glacière.
Après plusieurs hésitations, en ce début d’après-midi, je prends le vélo et sors vivement de la cour de l’Entente où nous exposons pour aller faire quelques courses. Sur le bord du trottoir je pile sec pour ne pas accrocher un autre vélo venant tout aussi vivement de ma gauche. Suivi d’un autre vélo, puis un autre, puis un autre sur lequel je vois …. Laura !!
Nous nous connaissons de Chalap. A mon cri elle pile et réponds « Georges !! »
En chœur : « Mais qu’est ce que tu fais là ? »
Elle me dit : « Je suis en tournée avec un groupe de musiciens en vélo, une fanfare avec amateurs et professionnels, Les oiseaux du trottoir. Nous sommes une vingtaine en itinérance nous venons de l’Aubrac, nous descendons vers le sud, nous sommes partis il y a dix jours et nous jouons ce soir à l’Ancrier. »
La salle est à cent mètres de nous sur la même route. Nous sommes en contact avec l’Ancrier que nous devions rencontrer.
Elle poursuit : « C’est une organisation de dingue ! 20 vélos, les instruments voyagent dans une camionnette, les bagages dans une autre etc .. »
Je vois parfaitement le topo. Je lui raconte nous, les rencontres, la marche, les régies… Nous partageons nos impressions cousines. « Les gens ne se connaissent pas au début, c’est une rencontre en live », « ce qui se passe dans le groupe est très fort » etc …
Nous sommes bouche bée.
Deux projets aux intentions identiques se croisent à un instant T. Eux sur une trajectoire nord/sud. Nous est/ouest. Une rencontre à la limite de l’accident, à un dixième de seconde près. Et une dizaine de secondes avant ou après, nous ne le savions pas et aurions passé notre soirée au gîte avec cette ignorance. Comment cela est il possible ?
Peut-être que simplement laisser la place à l’imprévu comme nous le faisons et comme ils le font, permet de frôler l’accident et fait justement qu’on évite le drame et que l’on se donne la chance de la rencontre improbable ? Il n’y a pas grand chose à réfléchir, juste observer et se laisser porter par ce délicieux hasard qui n’existe pas.
Quelques heures plus tard nous voilà donc à l’Ancrier. La fanfare augmentée met le feu, les regards des musiciens entre eux témoignent de l’intensité de leur relation, de leur expérience. Nous voilà spectateurs, écoutant les mêmes paroles pour relater leur projet que celles que nous prononçons à chaque présentation.
Le concert et ce retournement de situation nous fait du bien. C’est troublant, beau, étrange et magnifique.
Vendredi petit matin
La pluie menace vraiment, les températures sont basses, les marcheuses nous informent de leur nuit difficile. Pauline part les retrouver en voiture sur le col près de la cabane Bonnal où elles ont dormi. Elle leur apporte un ravitaillement réconfortant, thermos de thé, croissants chauds, fruits frais et secs. Elles pourraient redescendre en voiture, mais elles sont motivées pour continuer jusqu’au bout. Elles marcheront d’un bon pas et seront rapidement à Florac. En fin de matinée, nous les accueillerons au restaurant.
La météo et leurs équipements les ont transformées en exploratrices de l’Arctique, c’est ainsi qu’elles déboulent dans la crêperie. Florac est une ville de randonneurs, les jours de froids humides comme ça nous pourrions nous croire en Alaska avec des chiens de traîneaux garés pas loin, prêts à partir en expédition. Les hamburgers ne dépareilleront pas dans cette salle aux portes manteaux avachis sous les parkas mouillées.
Elles nous racontent toute leur nuit en riant, heureuses de la petite aventure. Il faut peu de choses pour transformer la moindre balade en quelque chose de plus sérieux. La montagne qui pourrait nous paraître modeste peut, avec les éléments, se transformer en milieu difficile. Ce n’est pas une histoire d’échelle pour elles, c’est plutôt une question de taille pour nous.
Samedi matin
Après avoir bien récupéré au gîte, les filles nous rejoignent à l’Office du tourisme pour le petit rendez vous public de « récitution ». Nous sommes dans une salle adjacente à l’accueil. Les touristes passent, le lieu est un peu bruyant mais nous arrivons à créer un petit espace pour accueillir le maigre public. Malgré les efforts de communication d’Alain de l’Entente, la concurrence est rude ce week-end à Florac qui n’est pas non plus surpeuplée avec cette météo grisounette. Congrès de pompiers, fête de la forêt, fête du vélo… Notre petit événement passe inaperçu. Nous sommes tout de même une quinzaine de personnes devant qui je joue la conférence et vient le tour des témoignages des marcheurs/ses.
Jean-Jacques et Marie nous ont laissé leurs textes à lire, Julia et Pauline le font avec délicatesse et personnalité. Malgré leur court séjour, il et elle racontent leur furtive randonnée. Venant de loin et n’ayant marché que 48 heures, Marie nous a écrit un joli texte court, léger et laissé quelques objets glanés par ci par là. Jean Jacques, un témoignage plus long et profond avec son regard de géomorphologue s’attardant davantage sur les relations que sur le paysage. Puis Pascale a témoigné de sa double casquette : elle était guide et avait bien préparé la randonnée, mais elle a aussi vécu sa semaine avec un autre regard proche des invités.
Puis Juliette, finalement la seule des trois du départ ayant fait l’expérience de bout en bout, nous a d’abord fait part de ses sensations de marcheuse, et des résonances que cette marche dans le temps long et les profondeurs humaines ont trouvé avec les textes qu’elle travaille actuellement. Juliette explore la montagne par ses mots, et s’enfonce dans les profondeurs terrestres par le récit. En nous proposant une lecture d’un extrait des « Cahiers de Bassoléa » à écouter les yeux fermés, Juliette nous a alors transportés dans les étranges creusements sous terre de Bassoléa. Cette écoute nous a reconnectés à la grotte et tout à coup la marche est devenue verticale et profonde.
Il fallait écouter Juliette, à cet instant conclusif de la semaine, pour ressentir la puissance de de la poésie : capable de faire une boucle extraordinaire entre le temps vécu de la semaine à parcourir, la surface du vivant et, celui du départ, inspirés par les profondeurs de nos origines.
Après le repas collectif, juste le temps de se dire au revoir et surtout à bientôt, et nous voilà aussitôt portés vers la semaine prochaine.
Georges Matichard, le 22 mai 2023