Semaine 4

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Marche du 22 au 27 Mai

Départ : Séverac-le-Château (12) ➤ Arrivée : Le Grand-Mas (12)

par Nathalie Baldo

Voici déjà le mi-parcours. La semaine quatre. Presque 200 km parcourus et peut-être 20 000 ans. Voici déjà la quatrième équipe. Une équipe féminine que je retrouve, dans cet espace du milieu entre Chauvet et Lascaux, entre Séverac-le-Château et le Grand Mas.

Le premier jour est un jour d’orage

Un bel orage. Pluie, vent, grêle ; l’eau qui ruisselle à nos pieds, les dos qui se courbent sous les sacs. Parfums de terre mouillée, bain de verdure, horizon de brume. Nous arrivons à Buzeins trempées, trempées, trempées. Mais le premier jour est aussi le jour de belles rencontres.
Corinne et Muriel, des Éditions du Larzac, nous accueillent à l’heure du déjeuner pour une visite de leur incroyable domaine, avec une découverte de leur projet, un pique nique bucolique et une sieste musico/racontée malheureusement interrompue par les premières gouttes de pluie…

Le soir, une fois séchées et réchauffées, nous retrouvons l’équipe de la mairie du village de Buzeins, avec ses habitants, pour un repas partagé, parlé et raconté au Lou Paouzadou.

Le deuxième jour est un jour paisible

Nous partons sous le soleil en direction de Coussergues. Le paysage s’ouvre à nous avec des allées de coquelicots qui nous accueillent comme pour se faire pardonner l’orage de la veille. Nos dos sont moins courbés, nos regard se lèvent. La marche est tranquille, douce. Le paysage semble avancer à nos côtés. La terre est rouge et le sol spongieux sous nous pieds est encore gonflé de l’eau de la veille : nous faisons l’expérience de la mollesse. Nous discutons, faisons connaissance. Nous traversons une forêt de chênes et de hêtres et parlons de leur conservation. Le paysage est vide d’humains. Seuls vautours, faucons, chevaux, brebis, vaches nous accompagnent. Nous pressons le pas en début d’après midi (petit arrangement avec le temps) pour éviter un second déluge….
Ce qui nous permet, à l’arrivée, de rencontrer Jérôme, un jeune paysan-boulanger qui nous offre la visite de son fournil et nous raconte les blés, les moulins, la farine, le levain, le pain, sa nouvelle vie sur la terre de ses ancêtres.

Le troisième jour est le jour du milieu

La première chose relevée aujourd’hui est un escargot qui prend son temps pour traverser. Une leçon de ralenti. Milieu de parcours, milieu de semaine. Jour bien choisi pour découvrir l’espace archéologique départemental de Montrozier où nous sommes plus que bien reçues pour une visite privée du musée… à pieds de chaussettes ! Car les sols sont encore détrempés et nos chaussures mouillées.

Pas loin de là, à Roquemissou, un abri sous roche a accueilli de nombreux groupes d’humains et ce jusqu’à la fin du Néolithique, puis pendant le Moyen-Age. Nous marchons jusqu’au champ de fouille avec cette étrange sensation de parcourir des chemins très très anciens. La paroi rocheuse est très belle, on les comprend bien ceux qui sont venus un jour s’installer ici.

Le quatrième jour est le jour des grenouilles

Le paysage se déploie encore, en courbes, en prairies, en plateaux, en horizon. Il laisse la place à nos imaginaires. Il ne nous contraint pas. Le sol a séché et répond à nos pas. Nous suivons ses lignes, emmenées par Nathalie, notre guide. Nous cheminons au cœur de l’Aveyron, cheminons dans nos pensées, cheminons dans nos veines, nos muscles, nos corps… Et nous rejoignons le parc de la Gachoune, créé par la Fédération des chasseurs de l’Aveyron, qui nous y accueille pour un bivouac semi-sauvage.
Comme tous les soirs, nous dessinons les cartes du sensible proposées par Thaïs, collectivement, mais, cette fois, assises aux abords de l’étang. Sous tente, sous un croissant de lune et au son ininterrompu des grenouilles, crapauds et autres batraciens, nous dormons si peu. Mais l’aube est belle.

Le cinquième jour est le jour du grand soleil

Nos ombres cheminent à nos côtés. Sur le chemin les choses remarquables sont parfois éphémères. Nos corps sont ouverts, nos regards éveillés, nos perceptions affinées, nos imaginaires en effervescence. Nous nous sommes, comme d’autres bien avant nous, redressées pour avancer. Et nos corps debouts ont changé notre regard. Nous allons aujourd’hui d’un bon pas. Georges, Betty, Tom, et Julia, nous attendent à Conques. Ce soir c’est concert : les chants et les danses des femmes Pygmées Aka, venues jusqu’à nous depuis leurs forêts profondes et anciennes clôturent si singulièrement notre semaine de marche…

Le sixième jour est le jour de la Récitution aux Ateliers du Geste du Grand Mas

Une belle équipe dans ce tiers lieu, un accueil magnifique, simple et généreux, du bon manger, de l’attention. Un public nombreux et déchaîné pour la Cirqu’onférence de Georges, subtilement accompagné par la guitare de Mickaël. Une belle écoute pour les mots des marcheuses, de beaux échanges et de belles rencontres…

Déjà cette quatrième semaine se termine et se prépare la suite. Nous avons marché. Sans gravité, légères, et pourtant soutenues, portées, ancrées par ce qui, depuis l’origine de la terre, est constant. Par ce qui est notre dénominateur commun à nous tous.tes ici : végétaux, minéraux, humains ou animal.
Et par ce qui nous relie : la force gravitationnelle qui nous pose sur cette terre depuis la nuit des temps !

Nathalie

Les 3 marcheuses / chercheuses

Nathalie
Chorégraphe et danseuse
Aliette
Photographe
Amandine
Ostéopathe

Accompagnées de

Nathalie
Guide pour cette semaine
Thaïs
Anthropo-cartographe

Temps fort

Lundi 22 mai au soir à Buzeins
Accueil par la mairie de Buzeins, repas partagé.

Arrivée

Samedi 27 mai dès 16h Festivité au Grand-Mas
– Solo de danse de Nathalie Baldo
– Conférence-spectacle de Georges Matichard sur “l’origine de l’imagination” accompagnée par le guitariste Michael Fontanella
– Présentation du projet Marcher depuis la Nuit des Temps, de ses cartographies et des dessins de Tom Joseph. 
– Temps d’échange convivial avec les chercheurs-marcheurs et le public
– Repas et Concert dansant proposé par le Grand Mas

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    Illustrations : Tom Joseph

    Avec le soutien de